VIDÉO - Trafic de félins : ce Lillois a eu une drôle de surprise dans son jardin

par Matthieu DELACHARLERY | Reportage vidéo TF1 Tristan Vartanian et Corentine Sellié
Publié le 15 août 2023 à 12h17

Source : JT 20h Semaine

Début juillet, un habitant de Lille a aperçu dans son jardin un serval.
Ce félin originaire d'Afrique, entre le lynx et le chat, se vend à prix d'or sur Internet.
Le 20H de TF1 a recueilli le témoignage du Nordiste et enquêté sur ce phénomène.

Jean-Marie Maas a dû se pincer pour y croire ! Début juillet, cet habitant de Lille sort dans son jardin le matin, lorsqu'il aperçoit soudain des taches brunes au milieu les branchages. Il croit d’abord à un guépard, mais il s’agit d’un autre félin originaire d’Afrique, moins connu, un serval. "Je me suis approché du cabanon et sur la partie un peu découverte, j’ai aperçu l’animal. Il faisait des va-et-vient entre la droite et à la gauche pour se réfugier. Il s’est approché de moi en soufflant. Et là, je n’étais pas très rassuré. Donc, je me suis reculé prudemment pour regagner la maison", raconte l’homme dans le reportage de TF1 en tête de cet article. 

Sans attendre, le Lillois appelle les autorités, qui envoient à son domicile une équipe de pompiers pour capture l’animal. Ce félin tacheté, entre le lynx, le guépard et le chat, est un animal sauvage. Et il peut donc se montrer très agressif.

Câlinés comme des chats sur les vidéos qui tournent sur internet, ces félins peuvent tuer un humain en un coup de griffe. Mesurant 1m20, pour un poids d’une vingtaine de kilos, l’animal peut bondir jusqu’à trois mètres de haut et atteindre la vitesse de 80 kilomètres par heure. Le serval a été confié, à la fin du mois de juillet, à un refuge dans la Loire. C’est le vingt-quatrième serval à rejoindre la structure d’accueil pour animaux sauvages en un an et demi. Tous ces animaux étaient maltraités par leurs propriétaires.

Le Dr Jean-Christophe Gérard, vétérinaire à l’Espace zoologique "Tonga Terre d’accueil", est chargé de leur prodiguer les premiers soins. "Souvent, ils sont tenus dans des conditions incorrectes. Ils ne reçoivent pas la bonne alimentation.  Les gens possèdent ces animaux, mais ils ne savent pas s’en occuper ni leurs besoins. Ils sont détenus dans des conditions atroces. C’est toujours l’animal qui pâtit de ce trafic", déplore, au micro de TF1, le médecin pour animaux. Ce serval, comme ses congénères, ne retournera pas à l’état sauvage. Il va rester dans le refuge le temps de trouver un zoo pouvant l’accueillir et finira donc sa vie en captivité. 

Je ne savais pas ce que c’était illégal. On m’avait donné des papiers. Et quand j’ai su, c’était trop tard. Je l’aimais
La propriétaire d'un serval

Un peu partout dans le monde, le trafic d’animaux sauvages prend de l'ampleur, y compris en France. Les annonces pour faire l’acquisition de ce félin très tendance pullulent sur les réseaux sociaux depuis quelques années. Il est pourtant interdit d’en posséder chez soi. Parfois par méconnaissance, souvent par inconscience, des particuliers en font pourtant l’acquisition. À l’instar de cette femme dont une équipe de reportage de TF1 avait recueilli le témoignage il y a quelques mois.  Elle disait avoir "craqué" en voyant l'animal,  avoir été trompée par un vendeur qui lui avait assuré que le serval était une espèce autorisée en France."Je ne savais pas ce que c’était illégal. On m’avait donné des papiers. Et quand j’ai su, c’était trop tard. Je l’aimais", racontait, à visage couvert, la mère de famille.

En France, pour être autorisé à adopter un félin, il faut normalement obtenir un certificat de capacité qui valide la formation et l’expérience du propriétaire dans la prise en charge d'un tel animal. Le document est délivré en préfecture et permet ainsi aux autorités de connaître le lieu d'accueil. Le fait de détenir illégalement un animal sauvage est puni de trois ans de prison et de 150.000 euros d’amende. Quand on l’interrogeait sur les risques encourus, la propriétaire citée plus haut n'avait pas l'air de s'en inquiéter. "Je m’en fous ! Là, on parle d’amour d’une bête", rétorquait-elle. Une bête, mais pas n'importe laquelle. Au-delà du risque d'attaque, il s'agit d'une espèce protégée. 

Rien qu'au mois de juin, pas moins de quatre-vingts servals ont été saisis chez des particuliers. En France, c'est une unité de la gendarmerie qui est chargée de démanteler ces trafics d'animaux sauvages. Ces enquêteurs spécialisés mènent leurs investigations sur internet le plus souvent. "Il faut aller sur la Toile, sur les réseaux sociaux. On va surveiller les échanges, faire des patrouilles virtuelles sur les réseaux sociaux", explique à TF1 le colonel Ludovic Ehrhart, de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP). Un petit serval peut coûter jusqu’à 9000 euros. Autant dire que le business est lucratif. Depuis juin 2023, une loi interdit toute publicité sur les animaux sauvages en ligne. 


Matthieu DELACHARLERY | Reportage vidéo TF1 Tristan Vartanian et Corentine Sellié

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